Sérigraphies

La recherche de Lauréat Marois est tout d’abord basée sur une problématique visant un équilibre visuel de deux modes d’expression habituellement considérés comme opposés, voire même réfractaires: la figuration et la non-figuration.

Il essaie de concilier ces deux modes d’expression apparemment dualistes; il devient dès lors possible d’utiliser l’espace réductif tout en y associant un contenu plus émotif. Il va sans dire que le processus même de fabrication de l’image, ici en l’occurrence la sérigraphie, occasionne en quelque sorte cette dichotomie. Par exemple, à l’aspect mécanique, donc de connaissance, se juxtapose un élément subjectif: c’est la figuration. L’élément figuratif, saisi dans l’environnement immédiat et le quotidien, amène la réflexion sur le vécu et propose un thème qui délimitera l’organisation même de l’image finale. Ainsi, c’est le contenu figuratif (le réel) qui dirige la fragmentation et l’organisation de l’ensemble. Réconfortante conciliation de contraires d’ordre émotif et rationnel ou naturel et culturel. La couleur servant alors comme liant pulsionnel: c’est l’atmosphère. Les éléments figuratifs , dans leur saisie, proposent un choix au lecteur d’image et lui livre l’expérience esthétique. En généralisant, disons que le contenu global contredit l’habitude occidentale de lecture. Ainsi, les signes isolés (flèche, triangle, rectangle) déroutent cette habitude et tendent à établir un nouveau lien entre les éléments contenus dans l’image.

Le dualisme figuratif/non-figuratif est en fait un prétexte pour introduire une question sur les rapports possibles avec les références humaines, technologiques ou naturelles. La demarche vise en fait l’organisation, à l’intérieur d’un schéma transmis par l’exécution traditionnelle des données appartenant à la sphère visuelle. Plus que le constat d’un objet à rendre, l’organisation à l’horizontale et à la verticale amène la connaissance du sujet: le rapport du travail visuel dans sa condition d’existense même.

Sans toutefois généraliser une approche qui est en fait une recherche, Marois estime que la lente préparation à l’élaboration du domaine visuel, ici la sérigraphie ou le dessin, débouche sur une interrogation de l’image comme système et vise sa compréhension.

Richard Martel